JOURNEE
D'INFORMATION
"L'EAU DES ALPES POUR LA CATALOGNE"
Organisée par :
le
Collège des Ingénieurs de Catalogne, Dialeg, la Fondation
Catalogne Ouverte,
la Fondation Occitano-Catalane (Eurocongrès
2000)
en
collaboration avec :
l'ACA
(Agence Catalane de l'Eau) et le Département de l'Environnement
Catalan.
RESUME
DES INTERVENTIONS
par Josep Grau de l' AEMS- POT
9h00
: Ouverture de la séance publique d'information.
M. Joan Amoros, Directeur Exécutif de l'Eurocongrès
2000 et Président de la Fondation Occitano-Catalane :
M. Amoros commence par des considérations générales
sur la sécheresse. Il déclare que le transfert du Rhône
n'aurait pas de répercussions sur l'environnement et que l'Ebre
en tirerait avantage. A l'heure actuelle, 1 000 entités ont adhéré
à l'Eurocongrès 2000 et celles-ci soutiennent un réseau
d'interconnexion entre les états.
M. Albert Serratosa remplace M. Sentis :
Il déclare que l'eau est vitale pour le développement
humain et économique. Selon lui, le Rhône offre beaucoup
de possibilités, qu'il appartient aussi aux Catalans et qu'il
s'agit d'un projet au-delà des frontières. Il fait une
comparaison entre le sel et l'eau et assure que le projet apportera
autant de bénéfices à la France qu'à la
Catalogne.
M. Angel Llobet. Doyen du Collège des Ingénieurs Industriels
de Catalogne :
Il déclare que son Collège se sent obligé de donner
des informations parce que le sujet de l'eau les concerne. Cette journée
doit permettre à la population de se faire une opinion et il
pense qu'il n'y a aucun doute sur la pénurie d'eau pour le futur.
Il préfère l'option Rhône à celle de l'Ebre.
M. Joan Guitart, Président de la Fondation Catalogne Ouverte
:
Il explique que sa Fondation
se situe dans le cadre de l'économie libérale et il a
chargé le Directeur du Forum de l'Eau d'un projet sur le Rhône.
Il est convaincu de la viabilité du projet et des aides financières
privées.
M. Felip Puig, Conseiller de la Politique Territoriale et des Ouvrages
Publics de la Generalitat de Catalogne :
Il souligne que le Plan Hydrologique National (PHN), lancé par
les gouvernements espagnols successifs du PSOE et du PP, a déclenché
un mouvement d'agitation sociale. Il regrette que ceci ait caché
la réalité qui existe derrière le Pacte de l'Eau.
Pour lui, l'eau est mal partagée et cette situation empirera
avec le changement climatique. Selon lui, le CIU (Parti de Jordi Pujol,
au pouvoir en Catalogne) a été le seul à agir avec
cohérence pour la recherche de solutions. Les autres partis s'agitent
avec frivolité, pour obtenir des résultats électoraux,
alors qu'ils étaient d'accord pour obtenir plus d'eau grâce
au PHN il n'y a pas si longtemps.
Il travaille maintenant à faire des autoroutes de l'eau une réalité,
pour un usage rationnel de l'eau. Il estime qu'il est promoteur, depuis
longtemps, de la Nouvelle Culture de l'Eau, même si celle-ci semble
maintenant une nouveauté.
Le Rhône servirait à soulager la pression exercée
sur l'Ebre. Le CIU a introduit des améliorations pour protéger
l'Ebre (la quantité transférée descendrait de 1
500 hm3 à 1 000 hm3) et a lancé un Plan de Protection
du Delta.
Il souligne qu'il n'existe aucune information technique qui dise que
le transfert du Rhône pourrait affecter l'environnement. C'est
pour lui l'alternative la plus valable pour récupérer
la qualité des bassins catalans.
10h00. Exposition générale
M. Francesc Vilaro, remplacé par M. Albert Serratosa :
Selon lui, 20 pays et plus de 1,2 milliard de personnes souffrent de
la soif. La Catalogne aurait moins d'eau qu' Israël et l'économiser
ne résoudrait pas le problème, cela ne ferait que prolonger
une agonie durant 3, 4 ou 10 ans encore.
Il affirme que 3 facteurs sont nécessaires : conservation,économie
de l'eau et transport de l'eau. Il donne l'exemple de la Lybie, où
l'on construit un transfert, à partir des eaux souterraines trouvées
au milieu du désert, vers les zones touristiques de la côte.
Le Pays Basque reçoit de l'eau de l'Ebre, et rien ne s'est passé.
Les bassins internes de Catalogne sont nettement déficitaires,
les réserves maximales sont de 60 hm3 et les 6 dernières
fois, elles ont été en-dessous de 33% de leur capacité,
ce qui représente 3 mois de garantie. Ceci a provoqué
des restrictions auprès des centrales hydro-électriques
et de l'irrigation. Si on maintient les 3 m3/s de débit écologique
du Llobregat, on ne peut garantir l'eau aux concessions. De plus, cette
eau contient trop de sodium, de potassium, de matière organique
et se trouve en-dehors des normes. C'est pour cela qu'elle est mélangée
avec les eaux du Ter. L'Ebre a les mêmes problèmes de qualité
que le Llobregat. Le Ter donne 1 m3/s à la Costa Brava, 3 m3/s
aux concessions électriques et 8 m3/s à Barcelone, sans
sauvegarder le débit écologique et les débits nécessaires
à la dilution pour les usines d'épuration. Le déficit
d'eau du Ter est le résultat de ce qui précède.
On ne peut pas répéter la même expérience
qu'avec le Sègre, pour le Parlement de Catalogne, c'est clair.
Finalement, M. Serratosa déclare : "s'il n'y avait
pas eu d'erreur de la part de la nature quand elle a créé
le Golfe du Lion, aujourd'hui, le Rhône arriverait à la
mer par la Catalogne".
M. Jean-Louis Quer, Gérant de l'ACA (Agence Catalane de l'Eau)
:
Il expose une série de chiffres dont les plus représentatifs
sont :
- 4% du débit du Rhône est utilisé par des concessions,
le reste va à la mer. Par comparaison : 50% pour l'Ebre, 57%
pour le Po, 91% pour le Nil.
- il est nécessaire d'interconnecter les bassins pour améliorer
la qualité de l'eau. Afin, également, d'intégrer
l'Espagne au "réseau européen", comme cela a
été fait avec la monnaie, les routes, etc...
Il
expose ensuite les chiffres de la Planification Hydraulique de Catalogne.
Il est d'accord avec une certaine étude qui donne un déficit
d'environ 350 hm3/an et ceux-ci doivent être obtenus de la façon
suivante :
- Dessalinisation
: 50 hm3/an,
- Interconnection : 30 hm3/an,
- Réutilisation : 45 hm3/an,
- Transferts entre bassins : 225 hm3/an.
Demande des bassins internes de Catalogne :
- Eau usage domestique et industriel (2/3 du total) : 770 m3/an (domestique
: 5 à 8 m3/an)
- Eau usage agricole (1/3 du total) : 330 m3/an.
- Soit un total de la demande de 1 100 m3/an.
Demande du bassin de l'Ebre :
- Eau usage agricole (80% du total) : 1 816 hm3/an (40% eaux superficielles)
- Eau usage domestique (20% du total) : 484 hm3/an
- Soit un total de la demande de 2 300 hm3/an.
Demande
totale de la Catalogne :
1 100 + 2 300 = 3 400 hm3/an
DEBAT
:
M.
Narcis Prat s'adresse à M. Serratosa et déclare que
celui-ci se sert de modèles de planification archaïque,
basés sur le béton et les grandes infrastructures. Il
n'est pas étonné que M. Serratosa affirme publiquement
qu'il ne veut pas entrer dans la problèmatique de l'eau à
cause de sa complexité et qu'il délègue ce sujet
à d'autres, alors que c'est à lui de planifier le territoire,
et qu'il avoue dans le même temps qu'il n'existe pas de critère
sur cette planification. M. Prat estime que l'on ne peut planifier la
gestion du territoire en ignorant les ressources naturelles dont on
va disposer, par exemple l'eau, et que c'est élémentaire.
M. Serratosa lui répond qu'il ne centre pas le problème,
qu'il se disperse et qu'il n'apporte aucune lumière au thème.
Un
étudiant, portant le tee-shirt bleu du mouvement d'opposition
civile au transfert de l'Ebre, fait une longue intervention pour expliquer
son désaccord sur les transferts d'eau et sur le fait que la
Nouvelle Culture de l'Eau n'est pas appliquée.
M.
Josep Grau demande à M. Quer (ACA) s'il serait possible de
réduire la consommation d'eau de la zone agricole de Lleida (avant
la période sèche), si cette réduction pourrait
être importante et si la Généralitat ou l'ACA, avec
les aides financières de l'U.E., pourraient changer les systèmes
d'irrigation pour réduire la demande en eau.
M.
Quer affirme que l'on peut réduire la demande en eau à
Lleida, mais qu'il faudrait sensibiliser le secteur et investir pour
changer les méthodes d'irrigation. La Generalitat l'a déjà
fait dans d'autres endroits de Catalogne, mais pas encore à Lleida.
11h00
- Partie technique
(Modérateur : M. Albert Serratosa, Président du Lycée
d'Etudes sur le Territoire)
M.
Francis Imbert, Directeur de BRL (Sté d'aménagement du
Bas Rhône Languedoc - France) :
"Partager l'eau dans le bassin méditerranéen".
Il
expose la composition de l'entreprise BRL et ses infrastructures :
698 salariés, 106 kms de canal, 5 000 kms de tuyaux, 125 stations
de pompage, 6 stations de traitement des eaux.
Ses clients sont en majorité des mairies et il est tout à
fait favorable au transfert du Rhône.
Il explique l'histoire du projet :
1967 : réunion entre ingénieurs catalans et français
à Santo Domingo de la Calzada.
1995 : La Generalitat de Catalogne demande des études de viabilité.
1998 : Livre Blanc de l'Eau de la Catalogne.
1999: La Generalitat présente les études techniques et
économiques.
2000 : PHN : le Rhône, une alternative possible.
2001 : Loi du 5 juillet. Sommet franco-espagnol.
2002 : étude BRL-Ministère de l'Environnement.
Temps
du chantier : 3 ans.
Frais d'entretien/an : 1 125 x 10 puissance 6 euros
Prix m3 d'eau : 56 euros
Prix par habitant : 150 euros
Le projet est déclaré d'intérêt public en
France et d'intérêt général en Espagne.
(Nota : au cours de cette présentation,
un cadre est apparu à l'écran sous le titre "Décisions
du Gouvernement Espagnol". Il est passé à toute vitesse
et rien n'a pu en être lu, ni retenu.)
M. Josep Alabern, Ingénieur Industriel, membre du Comité
scientifique Catalan :
"L'eau
des Alpes pour la Catalogne. Les Critères des Comités
Scientifiques catalans et français" : une copie est distribuée
aux personnes présentes.
- Le
Rhône déverse à la mer 54 000 hm3/an.
- Le débit moyen est de 400 m3/s.
- Les barrages ont une capacité de 5 500 hm3, soit 10% de l'apport
total.
- Entre 7 et 13 Tm/an de solides sont transportés avec une variabilité
entre 2 et 44 X 10 puissance 6 pendant les derniers 40 ans, ce qui a
réduit l'efficacité des barrages de moitié.
- Les quantités de solides dans le canal de BRL seront comprises
entre 2 et mgr/l.
Le Comité Scientifique mentionne que :
- En
Catalogne, la demande d'eau peut encore s'accroître à cause
des résidences secondaires.
- Le Ter a des problèmes d'eutrophisation (manque d'oxygène
et production algues vertes).
- L'eau du Llobregat est trop salinisée à cause des mines
de sel.
- L'approvisionnement en eau n'est pas suffisamment garanti, les barrages
sont vides tous les 5 ou 10 ans.
- La solution du Rhône est celle qui présente l'impact
le moins important.
- Il existera des facilités pour obtenir des aides européennes.
- Il ne décèle dans ce projet aucune objection.
M. Robert Verges, Ingénieur des Voies de l'Université
Polytechnique de Catalogne :
"Aspects environnementaux" (copie distribuée)
Caractéristiques du "tuyau" :
- débit annuel transporté : 285 hm3/an,
- débit proposé : 10 m3/s,
- longueur : 315 km,
- diamètre : 2,4 m sur 311 km,
- longueur tunnel sous les Pyrénnées : 4 km avec un diamètre
de 2,6 m,
- nombre de stations de pompage : 7 unités,
- puissance de pompage : 72 MW.
En ce qui concerne les impacts, il déclare que le transfert ne
traverse pas de PEIN (Plan d'Espaces d'Intérêt National)
et qu'il n'existe pas d'impact dûs au tuyau sur les nappes phréatiques.
Les bénéfices de l'eau des Alpes pour la Catalogne :
- Exploitation durable des aquifères en Catalogne,
- Les fleuves catalans retrouveront un débit écologique,
- La qualité des eaux va s'améliorer, car il existe maintenant
une contamination par les nitrates à Girona,
- L'amélioration du bassin du Tordera, actuellement pollué
par l'industrie et la salinité marine,
- L'amélioration de l'eau potable dans beaucoup de villes catalanes.
Pour ce qui concerne la "radioactivité", il explique
que le Rhône, ainsi que l'Ebre, comptent la présence sur
leurs rives de centrales nucléaires aux caractéristiques
similaires, ce qui donnent des traces de radio-isotopes. Mais ceci est
tout à fait maîtrisé par les propriétaires
de ces installations au travers de contrôles administratifs.
M. Manuel Suarez, Ingénieur Industriel AMBLAUDIT (Consultant
pour l'Environnement) :
Il fait un exposé sur l'optimisation des ressources et l'amélioration
sociale qu'elle comporte. Il explique que 33% de pertes d'eau sont recensées
dans les réseaux de distribution pour différentes causes,
ce qui représente un total de 350 hm3/an.
DEBAT
M. Serratosa répond aux interventions faites par le public,
en déclarant que les interconnexions sont réellement nécessaires
: elles peuvent servir à emmener l'eau de l'Ebre vers le sud
de la France, en cas d'un accident nucléaire sur le Rhône.
M. Manuel Suarez dit que l'on pourrait transporter l'eau de Barcelona
à Lerida par les tuyaux d'irrigation et encourager son épargne.
La réparation des pertes des réseaux coûte très
chère.
M. Josep Grau ne comprend pas et se déclare surpris lorsque
M. Serratosa signale la possibilité d'envoyer l'eau de l'Ebre
en France, vu que, selon les études, il faut 300 m3/s et qu'actuellement,
il n'y en a que 100 m3/s pour garantir la survie du Delta.
Il ne comprend pas également qu'avec les chiffres présentés,
on obtienne un déficit de 350 hm3/an. Comme M. Quer dit que l'on
pourrait réduire de façon importante la demande si on
appliquait des systèmes d'économie de l'eau, il suffirait
d'appliquer à l'irrigation de Lerida des systèmes d'économie
de l'ordre de 1 816 hm3/an : une quantité supérieure au
déficit serait ainsi épargnée. A cette économie
d'eau, il faudrait ajouter l'eau récupérée des
stations d'épuration du Llobregat et du Besos. Si l'on comptabilise
le tout ainsi, il n'y a pas de déficit, mais un excèdent
!
M. Josep Grau reconnait par ailleurs qu'il est sûr qu'un grand
effort a été réalisé pour valoriser la viabilité
du projet du Rhône, mais il pense que l'étude a été
commencée sans tenir compte d'alternatives possibles, qui n'ont
pas été quantifiées, comme, par exemple, économiser
et recycler l'eau. A son avis, la priorité a été
donnée aux intérêts économiques et politiques
et c'est dommage. Il a l'impression d'assister à une réunion
de promotion d'un éditeur de livres, comme Planeta (très
connu en Espagne), où l'on reçoit un cadeau pour sa participation
à la séance.
M. Serratosa réplique que l'assistance ne s'est pas réunie
pour écouter des opinions et que le débat est là
pour poser des questions (!!!).
M. Jordi Goula, Rédacteur Economie du Journal "La Vanguardia"
:
il affirme être d'accord et convaincu au sujet du transfert du
Rhône. Il est surpris qu'il y ait des opinions opposées
et que le problème est d'ordre politique.
M. Sancho, Président du CEPIDE :
Les Terres de l'Ebre sont en train de vivre une situation dramatique
: les gens s'opposent à tous les transferts, que ce soit celui
de l'Ebre ou du Rhône. Il dit que depuis 1996, le débit
minimum garanti de 100 m3/s (1 150 hm3/an) est tout à fait insuffisant
et que le fleuve est surexploité, indépendamment du droit
de 150 tonnes d'eau/an qui est incontrôlé. Il y a 15 ans,
il existait 15 à 20 exploitations de production de moules marines.
Aujourd'hui, on compte plus de 500 exploitations, ce qui a entrainé
l'eutrophisation de la baie. Le fleuve Ebro est malade à cause
de la mauvaise régulation des débits. Le Delta est complètement
"humanisé". Actuellement, il est creusé à
90% par des canaux et sans barrages, il ne serait pas possible de cultiver
le riz. Les dates de pluviométrie ne correspondent pas avec la
chute des niveaux des débits. Cette année, le fleuve a
déversé 4 200 hm3 d'eau, ce qui démontre que l'on
ne peut transférer une seule goutte d'eau. Il faudra réviser
le régime des débits, trouver un véritable débit
écologique. La Cie des Eaux de Tarragone a une concession de
4 m3/s, dont 2 m3/s sont prélevés durant l'hiver. Il veut
que les interconnexions soient réalisées avec le réseau
de Barcelone et toute cette affaire a provoqué, selon lui, un
débat irrationnel.
M. J-Ma Fluxà, Directeur du Forum de l'Eau :
"Comparaison économique des solutions alternatives"
(copie distribuée aux personnes présentes).
Il explique que la Catalogne a de l'eau, mais qu'elle n'est pas propre,
et qu'il existe un déficit pour les bassins internes. Il critique
les prix présentés pour le PHN et indique finalement les
prix suivants :
- Ebro à Barcelone : 55 pesetas/m3
- Rhône à Barcelone : 57 pesetas/m3
- PHN au Levant : 63 pesetas/m3
La séance se termine sur d'autres interventions financières
et politiques d'ordre similaire, non retranscrites ici.
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