La campagne Loire Vivante / SOS Loire vivante

1. 1986 - 1994 Chronologie générale

Changer la politique de gestion de la Loire
(voir aussi la chronologie en détail)

Le combat de défense de la Loire sauvage

Dans les années 1980, la France décide de dompter la Loire, "dernier fleuve sauvage " d'Europe : quatre barrages et de nombreuses digues doivent être édifiés sur le bassin de la Loire, notamment dans le but de créer des réservoirs d'eau (à destination de l'agriculture intensive et pour la dilution de la pollution nucléaire) et pour contrôler les crues qui gênent l'urbanisation des plaines inondables.
Le plus grand de ces projets de barrages, "Serre de la Fare ", qui se situe dans la Haute Vallée de la Loire, doit noyer 23 kilomètres de magnifiques gorges qui constituent un atout inestimable pour le développement durable de cette région.

La lutte contre ce projet devient le symbole de toute la campagne pour une " Loire Vivante ".
La force du réseau SOS Loire Vivante, soutenu par le WWF et les plus importantes ONG françaises, est de combattre le projet dans son ensemble. Cette campagne, à travers ses manifestations, ses recherches scientifiques, ses conférences, ses nombreux procès et son occupation du site de Serre de la Fare, profite d'une couverture médiatique sans précédent pour une question environnementale en France. Le mouvement s'internationalise.
La campagne produit aussi des solutions alternatives aux barrages, proposant ainsi une nouvelle approche de la gestion des cours d'eau, notamment dans le domaine de la prévention des inondations.

Elle se penche aussi sur la restauration des rivières et sur la protection de la biodiversité. Le Saumon Atlantique (Salmo salar), menacé d'extinction sur le bassin de la Loire, est choisi comme symbole de cette campagne. Une conférence internationale est organisée sur ce sujet. En 1991, le procès contre la Déclaration d'Utilité Publique est gagné par les environnementalistes. Un peu plus tard dans l'année, le gouvernement de gauche de l'époque annonce l'abandon du projet de Serre de la Fare.
En 1992, le réseau Loire Vivante reçoit le Prix Goldman (Prix Nobel des protecteurs de l'environnement).
Finalement, le 4 janvier 1994, le nouveau gouvernement de droite confirme l'abandon du projet de barrages et lance un nouveau programme de gestion de la Loire, le "Plan Loire Grandeur Nature", qui va au-delà des espérances de Loire Vivante.

 Des solutions alternatives au projet de barrages

Le "Plan Loire Grandeur Nature" est un programme sur 10 ans (puis prolongé à deux reprises jusque en 2013) qui dérive directement des principes de gestion de la rivière défendus par Loire Vivante. Le plan vise à réconcilier sécurité de la population, protection de l'environnement et développement économique, dans une perspective de développement durable. Sur les quatre barrages, un est définitivement abandonné (Serre de la Fare en Haute-Loire), un est repoussé jusqu'en 1998 (Le Veurdre, Allier) le temps que des études supplémentaires soient effectuées, un est diminué (Chambonchard, Cher) et un est maintenu (extension du barrage existant de Naussac, Haut-Allier). Plus tard, le projet de barrage de Chambonchard fut abandonné, le barrage du Veurdre fut repoussé à nouveau (à une date indéfinie). Seul le projet de l'extension du complexe de Naussac fut réalisé.

Protection contre les crues
Le Plan Loire Grandeur Nature contient des mesures de prévention contre les crues sur le haut bassin du fleuve : amélioration des alertes, lancement de travaux locaux de protection, nettoyage écologique des berges (coupe sélective, etc.).
Dans la ville de Brives-Charensac, située dans la partie amont du bassin (à proximité du Puy en Velay), des alternatives au barrage de Serre de la Fare ont été réalisées pour assurer la sécurité de la population en cas de crue majeure. Le principe clé de ce projet novateur est de donner de l'espace au fleuve au lieu de l'endiguer. Le lit de la rivière fut creusé en profondeur et en largeur et deux ponts furent modifiés pour que le fleuve puisse s'écouler plus aisément. Les bâtiments de trois sociétés furent enlevés du lit de la rivière.
Le projet incluait également des travaux paysagers dont l'idée maîtresse était de faire revenir les gens vers la rivière au lieu qu'ils lui tournent le dos.
Un nouveau radar fut installé sur le haut bassin ; le système de collecte d'information sur les précipitations et les risques de crue fut amélioré et informatisé, permettant de prévoir une crue cinq heures à l'avance au lieu de deux. Sur tout le bassin amont du fleuve, des équipes furent mises en place pour effectuer régulièrement un nettoyage écologique des berges.

La sauvegarde du saumon
Le plan de sauvegarde du saumon (Salmo salar) incluait la destruction de deux barrages pour permettre l'accès aux meilleures frayères (St.Etienne de Vigan sur l'Allier et Maisons Rouges sur la Vienne). Une échelle à poissons a été intégrée au barrage de Vichy (Allier) et la plus grande salmoniculture d'Europe a été construite sur le haut bassin de l'Allier.

Conserver et dévéllopper
Le programme LIFE-Loire Nature (52 millions de FF) inclut sept mesures sur tout le bassin de la Loire. La mesure Haut Allier, la plus importante des sept, est gérée par SOS Loire Vivante, en coopération avec l'association " Nature Haute Loire " (6,1 millions FF). Le premier objectif du programme LIFE-Loire est de préserver la dynamique naturelle de la rivière afin de conserver la diversité biologique de la rivière et ses fonctions écologiques. Le projet a aussi pour but d'initier, dans les zones sensibles, un véritable développement durable (créer et gérer des activités économiques compatibles avec la préservation de l'écosystème), et de démontrer sa faisabilité sur une plus grande échelle.Dans la Haute Vallée de la Loire, SOS Loire Vivante a mis en place un projet de développement durable en achetant, en 1992, une ancienne ferme, " Bonnefond ", située dans un des endroits les plus beaux des gorges qui avaient été menacés par le projet de Serre de la Fare. Depuis, les travaux de l'association et de bénévoles ont fait de ces ruines un superbe lieu d'animation et d'information pour la Haute Vallée de la Loire.
De plus, SOS Loire Vivante a mené, avec le concours d'une agence de l'Etat et des autorités locales, un programme d'inventaire de la faune et de la flore de la Haute Vallée de la Loire.

voir la chronologie en détail et nos pages Projets et campagnes en cours ".