Chronologie (suite)
1990
Janvier : les manifestants arrêtent les engins
venus élargir le chemin pour accéder au futur chantier.
5 février : En réponse à Jean
Royer, qui avait déclaré que la construction de Serre
de la Fare ne serait pas arrêtée par « 10 imbéciles
», SOS Loire Vivante rassemble 300 de ses membres en 3 heures
pour faire une manifestation à Brives-Charensac.
6 février : Loire Vivante rencontre le Premier
Ministre Michel Rocard.
7 février : Première communication
du gouvernement au sujet de la Loire. L'Etat propose à l'EPALA
de conclure une charte pour un aménagement intégré
de la Loire. Ce dernier garantirait la protection des populations contre
les crues ainsi que l'approvisionnement en eau et préserverait
et mettrait en valeur le patrimoine naturel. Il serait basé sur
les principes suivants :
- Le barrage sur Le Veurdre n'aura pour objectif que limiter
l'impact des crues exceptionnelles.
- Un dispositif d'approvisionnement supplémentaire
à la retenue de Naussac, sera construit.
- La capacité du barrage de Chambonchard sera revue,
au vu de l'étude des besoins futurs, notamment dans le domaine
agricole.
- Une meilleure gestion du lit de la Loire et la publication
d'une liste de toutes les zones inondables.
- Un programme de protection de l'environnement sera mis
en place.
Juin : Publication de l'étude sociologique
du GRRM sur l'inondation de 1980. Elle montre le manque de prévention
(et notamment l'urbanisation de zones inondables) et le manque d'un
système d'alerte adéquat. La culture locale est en effet
consciente des risques que représente la Loire mais oublie les
risques de crues exceptionnelles. La décision des autorités
locales, en 1982, de soutenir le projet de Serre de la Fare est significatif
de leur refus d'assumer la responsabilité de la protection de
la population : avec un barrage, la responsabilité passe à
l'Etat.
18 août au 2 septembre : « La Remontée
du Saumon » : une marche est organisée de l'estuaire aux
frayères de l'Allier. Cette action permet de mettre en lumière
les agressions nombreuses subies par le fleuve. 25 obstacles majeurs
sont recensés sur le parcours de migration du saumon.
Septembre : Deuxième campagne de publicité
organisée par SOS Loire Vivante : « Loire libre source
de vie ».
Septembre : La « quatrième solution
». SOS Loire Vivante publie un document sur la «4ème
solution » avec un volet consacré à la sécurité
et un autre au développement soutenable de la haute vallée
de la Loire. La 4ème solution envisage, au niveau de la sécurité,
des élargissements du lit de la Loire pour laisser passer les
crues, la suppression de certains obstacles, des aménagements
« doux » ponctuels, l'entretien écologique des berges,
le respect strict de la non-constructibilité des zones inondables
et l'amélioration du système d'alerte de crue.
8-16 novembre : SOS Loire Vivante organise au Puy
un colloque d'une semaine sur le thème de l'eau : conférences,
réunions, projections...
novembre : Colloque « Vivre avec le fleuve
» au Puy, organisé par Loire Vivante et SOS Loire Vivante
pour aller plus loin dans la compréhension des causes et des
conséquences de l'inondation de 1980 et de chercher l'alternative
à un barrage. Ce colloque est l'occasion de débattre sur
une certaine culture du risque, de la prévention, de l'information
de la population. Plusieurs importants discours sont prononcés
et notamment celui de M. Mousel, responsable de l'Eau, de la Prévention
de la Pollution et des Risques au Ministère de l'Environnement.
Décembre : SOS Loire Vivante lance une suscription
« Achetons la Haute Vallée de la Loire ». Le but
est d'acquérir certains terrains stratégiques pour empêcher
la construction du barrage et de commencer à travailler sur le
projet de «développement durable ».
3 décembre : Brice Lalonde suggère
d'organiser un référendum au sujet du projet de Serre
de la Fare.
1er-16 décembre : Exposition sur la 4ème
solution à Vals-près-le-Puy avec SOS Loire Vivante, Loire
Vivante, l'EPALA et le ministère de l'Environnement : sur les
1000 dépositions enregistrées sur les cahiers de doléances,
plus de 800 sont en faveur de la 4ème solution.
12 décembre : Création du collectif Haute-Loire
Vivante qui rassemble 23 associations et partis et 45 000 membres
21 décembre : le ministère de l'Environnement
publie un sondage favorable à SOS Loire Vivante. Un échantillon
de la population de la Haute-Loire a été interrogée sur
le projet de Serre de la Fare. La majorité des gens sont favorables
à la 4ème solution. SOS Loire Vivante apparaît,
parmi toutes les structures s'occupant de ce projet, comme celle à
laquelle la population fait le plus confiance.
Fin décembre : les maires refusent d'organiser
le référendum.
1991
23 janvier : Rencontre de SOS Loire Vivante avec le préfet
de la Haute-Loire. 10000 signatures en faveur de la 4ème solutions
lui sont apportées dans une brouette.
26 janvier : Le CABLE est créé. C'est un
comité interne à l'EPALA constitué par des maires,
des conseillers municipaux, etc. qui s'opposent aux idées du
président de l'EPALA et sont favorables à celles de Loire
Vivante.
7 février : La Déclaration d'Utilité
Publique du projet de Serre de la Fare est annulée par le tribunal
administratif de Clermont-Ferrand. L'EPALA fait appel auprès
du Conseil d'Etat.
Mars-Juin : Une étude demandée par SOS
Loire Vivante est menée par le laboratoire d'hydrologie SOGREAH
au sujet des différents types d'inondations à Brives-Charensac.
Juin : SOS Loire Vivante commence à nettoyer et
à baliser 14 sentiers dans la Haute Vallée de la Loire
pour promouvoir le « tourisme vert ».
15 juin : Manifestation du collectif « pour une
Haute-Loire Vivante » à Paris. La manifestation rassemble
400 personnes du département de la Haute-Loire. Une délégation
est reçue au cabinet du Premier Ministre.
Juin : Négociation entre l'Etat et l'EPALA au
cabinet du Premier Ministre.
Action sur l'Allier contre le projet de Naussac II et
pour la démolition du barrage de Poutès, obstacle à
la migration du saumon. Dans le cadre d'une semaine d'actions sur le
Haut-Allier menées par SOS Loire Vivante et Robin des Bois, une
trentaines de manifestants investissent pacifiquement l'usine EDF de
Poutès-Monistrol pour protester contre cet obstacle à
la migration du saumon.
31 juillet : Décision gouvernementale concernant
le programme d'aménagement, annoncée par Edith Cresson
et Brice Lalonde :
L'Etat confirme les dispositions de la première
communication du 7 février 1990 proposant à l'EPALA de
conclure la charte qui repose sur les principes suivants :
- Serre de la Fare est abandonné, le gouvernement
retenant des aménagements hydrauliques légers le long
du fleuve et un dispositif d'information et d'intervention sur les populations
concernées.
- Chambonchard est annulé, le gouvernement proposant
le rehaussement de l'ouvrage de Rochebut pour une capacité totale
de 100 Mm3
- Naussac II est confirmé comme approvisionnement
complémentaire de la retenue de Naussac.
- Pour Le Veurdre, l'EPALA devra élaborer un avant-projet
sommaire en fonction des effets attendus des travaux d'entretien du
fleuve.
De plus, le gouvernement annonce une politique d'entretien
actif du fleuve, un programme de protection et de mise en valeur des
milieux naturels avec tous les partenaires intéressés,
la création de l'Observatoire de la Loire et la protection des
zones inondables.
5-6 octobre : Fête de la victoire sur le site de
Serre de la Fare. SOS Loire Vivante décide que l'occupation du
site sera maintenue jusqu'à ce que l'EPALA rende aux paysans
les terrains qui ont été achetés pour construire
le barrage. En effet, malgré la décision du gouvernement,
l'EPALA continue d'acheter des terres.
1992
Pendant l'année, des paysans de la Haute Vallée
de la Loire, SOS Loire Vivante, la Confédération Paysanne
et le CIVAM (Centre pour l'information et la vulgarisation de l'agriculture
et du monde rural) créent une nouvelle structure : « les
Paysans de la Haute Vallée de la Loire ». Ils désirent
développer la diversification, le tourisme rural, une plus grande
qualité des produits et des débouchés locaux (marchés).
20 février : SOS Loire Vivante achète un
vieux mas dans la haute vallée de la Loire, Bonnefont, avec une
partie des fonds provenant de la souscription « Rachetons la haute
vallée de la Loire ». Ces fonds atteignent maintenant plus
de 250 000 F.
Avril : Loire Vivante, représentée par
sa coordinatrice Christine Jean, reçoit à San Francisco
le prix de la fondation Goldman pour l'Europe (60 000 dollars). Cette
somme est reversée à des organisations environnementales.
Août : Le préfet publie un nouveau plan
concernant les inondations en Haute-Loire.
Automne : Une commission parlementaire rassemble les
différents points de vue sur la Loire. Elle se rend en Haute-Loire.
13 octobre : Réouverture du dossier de faisabilité
du projet de Chambonchard par le gouvernement Bérégovoy.
Ségolène Royal, Ministre de l'Environnement, annonce la
réalisation d'un « petit Chambonchard » de 50 Mm3.
L'Etat lance une étude technique des solutions
alternatives au barrage de Serre de la Fare.
18 décembre : la « Cabane de la Loire »,
au site de Serre de la Fare, est incendiée. L'enquête de
la police ne donne aucun résultat.
Décembre : Publication au Journal Officiel du
rapport parlementaire relatif à l'aménagement de la Loire.
Les parlementaires concluent qu'il convient de « recourir à
toutes les solutions possibles avant de décider la construction
» d'un barrage sur la haute vallée de la Loire : renforcement
des systèmes d'alerte et de secours, strict respect de la non-constructibilité
en zone inondable, voire déménagement des habitations
et des usines situées dans les zones les plus exposées.
Pour Chambonchard, « les besoins en eau doivent être évalués
(...) et conduire à la construction d'un barrage de capacité
plus faible que celui qui était prévu à l'origine
». Des réserves sont émises sur l'utilité
du Veurdre. « La mise en oeuvre du projet (de Naussac II) doit
être poursuivie normalement ». Quant à l'estuaire,
« la nécessaire conciliation du développement économique
de Port-Atlantique et de la préservation de l'environnement de
l'estuaire doit éclairer les choix d'aménagement »
menés « dans le cadre d'une concertation renforcée.
La commission conseille aussi une meilleure gestion du lit et des berges
de la rivière, l'arrêt total de l'extraction de graviers
et d'autres mesures de protection de l'environnement".