LE PLAN HYDROLOGIQUE NATIONAL ESPAGNOL
Rassemblés
par la "Plateforme de Défense de l'Ebre", |
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Traduction
par Valérie Valette/ERN
1.
Le PHN et la gestion de l'eau en Espagne 2.
Conséquences générales du PHN 3.
Répercussions du PHN dans les régions où l'eau serait
prélevée
4.
Répercussions dans les régions qui recevraient les transferts
d'eau 5.
La qualité de l'eau de l'Ebre 6.
Analyses économiques du projet de transfert de l'eau de l'Ebre 7.
La société civile contre le transfert d'eau de l'Ebre ..................................
Le PHN espagnol est
un projet de loi qui comprend la construction de 863 infrastructures différentes,
tels que grands barrages, transferts d'eau et canalisations de rivières.
Le point principal, cependant, se concentre sur un vaste transfert d'eau
inter-bassin de 1 050 Hm3/an prélevé sur la rivière
de l'Ebre. Cette eau serait transportée vers la Catalogne (190
Hm3), Valence (315 Hm3), Murcia (450 Hm3) et Almeria (95 Hm3). A cette
fin, le Plan exige la construction de grands réservoirs dans le
bassin de l'Ebre pour réguler son débit. Un Plan hydrologique devrait analyser objectivement les ressources existantes (offre) et gérer leur utilisation future (demande), selon une approche soutenable, sans générer de nouveaux impacts négatifs sociaux et environnementaux. Pour ceci, il est important de connaître quelles sont nos ressources actuelles et nos véritables besoins. Le Plan présent (PHN) est essentiellement basé sur la justification des conditions qui permettraient les transferts d'eau entre bassins. Le principal transfert irait de l'Ebre jusqu'à Barcelone et la ligne côtière du Sud-Est de l'Espagne (le Levant), distantes respectivement de 200 et 1 000 kms. Le raisonnement qui sous-tend ceci est le prétendu "déficit" en eau du Levant et le supposé "débit excédentaire" de l'Ebre. Les raisons pour lesquelles cette région souffre de son apparent déficit ne sont pas analysées. De même, les solutions qui éviteraient de menacer l'avenir des régions qui "perdent" leur eau ne sont pas prises en compte. Les autres problèmes de l'eau en Espagne ne sont pas non plus analysés, ni étudiés. Le PHN offre simplement une liste d'infrastructures proposées à la construction, sans donner de justifications. Le rejet social du PHN porte principalement sur cet énorme transfert d'eau de l'Ebre et sur les grands barrages prévus le long du bassin du fleuve, afin de réguler et stocker de l'eau pour ce projet. Ce rejet est fondé sur de solides arguments techniques apportés par la communauté scientifique espagnole et s'est encore accru suite à l'absence de dialogue instauré par le Gouvernement, depuis la première publication des projets prévus (5 septembre 2001). Cette absence de dialogue est allée jusqu'au point extrême où le Gouvernement a "caché" tous les rapports indépendants, qu'il avait lui-même commandés auprès des scientifiques et autres experts. Car ces rapports donnaient une évaluation négative de ce PHN. D'autres rapports indépendants, tels que ceux préparés par la RAMSAR Convention sur les Zones Humides, ont également abouti à des avis défavorables et, par conséquent, n'ont pas été publiés jusqu'à ce que le PHN soit voté, même si le Gouvernement central et ceux des régions autonomes connaissaient leurs conclusions. 2. CONSEQUENCES GENERALES DU P.H.N. Ce Plan propose des aménagements lourds et des chantiers publics d'une viabilité économique, sociale et environnementale douteuse. Ceux-ci consistent en plus d'une centaine de nouvelles retenues et des transferts d'eau d'un bassin de rivière à un autre, en particulier celui qui irait de l'Ebre à Barcelone (200 kms) jusqu'aux bassins de la Jucar et de la Segura (1 000 kms). Ce Plan comprend également la canalisation de rivières, du reboisement, la création de nouvelles terres irrigables, l'amélioration de la distribution d'eau dans des villages et le traitement des eaux usées et des déchets. La plupart de ces projets devrait être réalisée indépendamment de ce PHN, afin de se conformer aux réglementations de l' Union Européenne, que pour l'instant l'Espagne continue d'ignorer. En fait, la plupart de ces projets sont seulement cités dans le PHN mais ne sont jamais ni décrits, ni analysés économiquement, ni justifiés. Ce qui rend leur réalisation difficile à imaginer. L'important transfert d'eau de l'Ebre, de 1 050 Hm3/an (15 % de son débit moyen durant la dernière décennie), accentuera les inégalités régionales entre l'intérieur du pays, à prédominance rurale et le bord des côtes, urbanisé, à l'agriculture intensive et sans gestion respectueuse des ressources en eau. Tout ceci serait subventionné par la Communauté Européenne ou le Gouvernement, afin de réduire les coûts de construction. La pénurie d'eau, aggravée du problème de sa qualité et de sa manipulation par les êtres humains, amène à la dégradation des rivières, des lacs, des deltas, des zones humides, des rives boisées et des zones montagneuses. Ceci est dû à une exploitation sans limites de ce bien, qui non seulement échoue à résoudre les problèmes existants, mais en crée de nouveaux. Ces grands ouvrages affectent les zones de protection spéciale Oiseaux et les zones d'intérêt général créées pour la protection de la faune et des habitats, les zones humides Ramsar, et les zones de proctection désignées dans le cadre de Natura 2000. Ils cassent des directives européennes, comme celles portant sur les habitats naturels (92/43/EEC), les oiseaux (79/409/EEC) et la Directive Cadre Eau (2000/60EC). Parallèlement à cela, les estimations concernant le débit de l'Ebre sont fausses car elles sont surévaluées et ne prennent pas en compte les futurs effets du changement climatique. Durant les dernières décennies, le débit moyen a diminué de façon spectaculaire, autour de 50 %, à cause de la surexploitation de l'eau et de la prolifération des retenues. 1960 : 16 842
Hm3/an .... 1970 : 14 071 Hm3/an
Il y aurait de nombreux
impacts négatifs le long du bassin de l'Ebre si le PHN était
réalisé, aussi bien dans le Delta que dans les montagnes
du cours supérieur, où beaucoup de retenues doivent être
construites. Ce sont là que porteraient les deux impacts les plus
notables mais les répercussions négatives s'étendraient
à la faune, la flore et à des sites de patrimoine culturel
tel que le Chemin de St Jacques de Compostelle. 3.1.
Le Delta de l'Ebre L'importance internationale du Delta remonte à 1962, quand il fut inclus dans la liste des Zones Humides Euro-Africaines d'intérêt international. Il fut déclaré Catégorie A par l'Unesco, la plus élevée. Plus tard, il fut reconnu comme zone humide d'intérêt internationale par la Convention Ramsar en 1971 et par l'Espagne en 1982. En 1979, l'Union Européenne fit du Delta de l'Ebre une zone spéciale de protection des oiseaux (S.B.P.A.) et fut proposé comme zone d'intérêt commun dans le cadre de Natura 2000. De plus, le Conseil Européen l' a reconnu comme région importante pour sa faune et sa flore, avec 77 espèces protégées, dont 8 sont des plantes et le reste des vertébrés. Toutes ces reconnaissance internationales, et l'urgence de garantir la conservation du Delta comme une zone de grande valeur naturelle, aboutit en 1983 à la création du Parc Naturel du Delta de l'Ebre par le Gouvernement Catalan, dont l'objectif est de préserver cet écosystème. Il y a de nombreuses espèces de plantes et d'animaux, dont certains sont migrateurs et d'autres résidents toute l'année. Il y a plus de 350 espèces d'oiseaux. L'impact le plus lourd que le PHN aurait sur la région du Bas-Ebre porterait sur le Delta. Celui-ci a été formé par le fleuve. Les historiens et les scientifiques ont démontré que dans l'Antiquité romaine -et plus loin encore dans le temps- le Delta n'existait pas. Il a commencé à se former après le Moyen-Age, suite au déboisement de son bassin (incendies, extension des terres cultivables, coupes forestières pour la construction et chantiers navals). Le sol dénudé fut ensuite érodé par la pluie, charrié par la rivière et déposé dans son estuaire. A l'heure actuelle, le Delta de l'Ebre est confronté à trois problèmes importants : 1-
La régression. 2-
L'affaissement. 3-
La pénétration de l'eau de mer. 3.2. Retenues dans les Pyrénées Espagnoles Le P.H.N. projette
la construction d'au moins 100 retenues à travers l'Espagne, destinées
à des usages différents, tels l'agriculture, la distribution
d'eau urbaine et l'énergie hydro-électrique. Modifier l'état naturel des rivières des Pyrénées affectera aussi le fonctionnement général de tout le Bassin de l'Ebre. Détruire des kms et des kms de rives boisées et végétales en les noyant, aggravera les crues des rivières et sera une importante atteinte à la bio-diversité. Les rivières seront déshumanisées, perdant leurs activités sociales et ludiques, comme la baignade, la rencontre et les loisirs. Cela représente une baisse générale de la qualité de la vie des gens. Les besoins des usines
hydro-électriques, qui règlent le débit de l'eau,
artificialisent la rivière, affectant gravement l'écosystème
aquatique. Les périodes de basses eaux seraient rallongées,
causant la mort des poissons piégés dans les mares ainsi
qu'une augmentation de la pollution. Les remontées artificielles
du niveau de l'eau, au début de l'été, auraient un
impact négatif sur la végétation des rives et, par
conséquent, sur la nidification des oiseaux d'eau. L'expulsion
de grandes quantités de sédiments, lors des nettoyages des
retenues, auraient également de sérieux impacts, sur la
faune et la qualité de l'eau. La baisse de température de
l'eau, causée par les centrales hydro-électriques, appauvrit
les populations de poissons (en particulier, certaines truites car cette
espèce est à l'extrémité supérieure
de la chaîne trophique). La végétation, la diversité
et la qualité de l'eau seraient également affectées. 4. REPERCUSSIONS DANS LES REGIONS QUI RECEVRAIENT LES TRANSFERTS D'EAU La gestion de l'eau dans le Levant espagnol (côte sud-est), en particulier la région de Murcia (bassin de la rivière Segura), est confuse depuis que chaque autorité (administration centrale, administration autonome, confédération de l'eau et ministères nationaux) produit diverses données sur les besoins et les ressources en eau. L'Institut National des Statistiques indique une consommation urbaine de 67 Hm3/an, tandis que les Plans de Bassins parlent d'environ 128 Hm3/an pour la même population, une différence de 91 %. C'est cette seconde donnée que le PHN a retenu comme consommation actuelle. La même chose s'est produite pour les chiffres concernant les utilisations agricoles. Cette consommation disproportionnée crée des problèmes d'environnement à cause de l'augmentation insoutenable de la demande en eau : celle-ci passe de 803 Hm3/an de ressource en eau disponible (offre) à une demande de 2 000 Hm3/an, soit une hausse de 137 %. La dérivation d'eau déjà existante de la rivière Taje à la rivière Segura (400 Hm3/an), construite il y a 20 ans, n'a pas résolu les problèmes qu'elle était censée résoudre. En fait, elle les a aggravés en renforçant la spéculation sur la terre et les droits de l'eau. Ce transfert était supposé se faire pour les 90 000 ha déjà cultivés alors, plus 50 000 ha de nouvelles terres irriguées. A présent, on totalise environ 200 000 Ha, une augmentation de 40 %. A cause de cette hausse disproportionnée, seulement 4 % (1 m3/s) du débit total de la rivière Segura atteint la mer. Les poissons d'origine ont été négativement affectés par l'introduction et l'adaptation de nouvelles espèces dans la rivière. La biodiversité de la flore locale a été réduite, suite aux modifications des écosystèmes troquant les caractéristiques d'un milieu semi-désertique contre ceux de terre irriguée. L'énorme arrivée d'eau en provenance d'autres bassins provoque des problèmes d'ordre sociaux. Elle favorise une inégalité sociale et la spéculation entre agriculture traditionnelle des Vegas et le monde des affaires. Les spéculateurs de l'eau se trouvent dans la région de Carthagène et d'Alicante, tandis que les fermiers locaux de la Vega traditionnelle doivent mendier pour l'eau d'une rivière très polluée. Les administrateurs locaux permettent la conversion illégale de terres naturelles en terres irriguables, tout en ignorant les plaintes de la SEPRONA, des groupements écologistes et autres acteurs locaux. Il s'est produit la même chose pour les forêts qui, après un incendie, reçurent des fonds de l'Union Européenne pour être replantées. Ce reboisement ne fut pas mené correctement et bientôt furent cultivées comme terres irriguées. C'est ainsi qu'une forêt naturelle peut finir en champs de salades. Ces champs sont très vastes et demandent une main d'oeuvre nombreuse et bon marché. Ces travailleurs sont souvent des immigrants illégaux, vivant dans des conditions désastreuses avec les inévitables tensions qui finissent par exploser en actes racistes et violents, tels que ceux vécus l'an dernier à El Ejido et à Torre Pacheo. Ce genre d'agriculture conduit à une surproduction des récoltes qui n'arrange que le monde des affaires. Celui-ci tire à nouveau avantage des aides de l'U.E. pour détruire cette production et déséquilibre le marché. Quand le PHN fut voté, 85 % des 13 500 puits de la région de Murcia furent légalement reconnus aptes à recevoir de l'eau dérivée de l'Ebre. Avant le 26 octobre 2001, ces puits n'étaient pas enregistrés et ne figuraient dans aucun inventaire légal, ce qui démontre clairement le manque de contrôle sur l'utilisation de l'eau dans cette région. Cette région devrait être profondément impliquée dans une gestion des eaux mais, jusqu'à récemment, elle ignorait les réglementations relatives au traitement des eaux usées, des nitrates et autres. Selon les Plans de Bassins, il y a des fuites importantes dans le réseau de distribution. Environ 1/3 de l'eau (42 Hm3/an) est perdu de cette façon. Les nappes phréatiques naturelles ont clairement surexploitées. On utilise 6 fois plus d'eau des aquifères que leur capacité à se régénérer naturellement, les menant tout droit à la salinisation. L'agriculture intensive contribue également à la dégradation de la qualité des aquifères, à cause de la concentration élevée de nitrates et autre résidus, qui résulte d'une utilisation abusive de pesticides et d'engrais. Des puits bien spécifiques, réservés durant les périodes de sécheresse à la consommation d'eau potable, sont de façon incohérente utilisés pour l'irrigation. Certaines industries continuent de polluer les rivières et demeurent impunies. Ceci entrave le fonctionnement des quelques rares stations d'épuration opérationnelles. Le gouvernement espagnol (Parti Populaire) a récemment déclassé 20 000 ha de terres vierges, d'une grande valeur écologique, encourageant ainsi plus de spéculation sur le tourisme de masse et l'urbanisation. Enfin, il est à noter dans cette région la prolifération des parcours de golf et d'un type de tourisme nécessitant une consommation élevée d'eau. 5. LA QUALITE DE L'EAU DE L'EBRE La politique de l'eau
actuelle en Espagne maintient l'idée fausse selon laquelle la solution
aux problèmes existants porte sur les "inégalités"
entre l'abondance de l'eau dans l'Espagne "humide" et la pénurie
dans l'Espagne "sèche". Cependant, les importants transferts
d'eau pris en compte dans le PHN ne proviennent pas de la véritable
Espagne "humide". Pour des raisons techniques et économiques,
ils proviennent de bassins de rivières soumis eux aussi au climat
Méditerranéen et, désormais, subissant aussi un déficit
naturel d'eau. Les transferts proposés n'ont pas seulement une
dimension technique mais aussi des implications socio-économiques.
La question n'est de résoudre les problèmes techniques d'un
transfert d'eau d'un territoire au surplus naturel vers un territoire
qui en manque, mais de discuter de l'opportunité d'utiliser une
ressource limitée, dans une région comme dans une autre. Le bassin de l'Ebre
a toujours souffert d'une eau de qualité naturellement pauvre,
à cause de la présence importante de sel dans des sections
de son cours moyen et inférieur. Celle-ci a été renforcée
par les usages de consommation tout le long de son cours. Les rejets urbains
et agricoles ont aggravé cette situation. Dans la région
où l'eau sera prélevée, les paramètres dépassent
les limites, stipulées dans les réglementations sur l'eau
pré-potable, de plus de 5 %, comme l'admet le Rapport environnemental
du PHN lui-même. De plus, nous devons aussi prendre en considération
les risques associés à la centrale nucléaire à
Asco. Nous pouvons voir ainsi, en considérant simplement le facteur de la qualité de l'eau, que le PHN devient la pire des options, quelque soit le point de vue. Ce désastre technique, économique et social que représente le détournement de l'eau de l'Ebre, le chantier "star" du PHN 2000, démontre l'erreur d'une politique qui promeut des infrastructures et une offre de l'eau en surenchère, plutôt que d'étudier des demandes et des besoins réalistes. Il y a un siècle, quand l'Ebre avait un débit double de celui actuel, avec une meilleure qualité et une salinité moindre et que ce genre de politique était "en vogue", ce projet aurait eu plus de sens que maintenant. L'augmentation des utilisations et de sa consommation, des pollutions, des constructions, tout le long de son cours, ont provoqué la baisse de son débit et de sa qualité pendant que la salinisation se renforçait. Les efforts pour mener à bien ce projet sont dépassés et ne semblent pas réaliser ce qui a changé depuis le siècle dernier, comme si la rivière restait immunisée contre toutes les nombreuses interventions humaines dont elle a souffert. Nous devons conclure qu'il existe pour l'Espagne deux options possibles pour la gestion future de l'eau. Une des options est plus économique et plus "durable" mais politiquement délicate. L'autre option est plus dommageable, moins "durable" mais politiquement aisée à mettre en oeuvre. Elle demande juste de maintenir le statu quo et de permettre de faire plus d'affaires aux services publics et aux sociétés de construction, à la distribution et à la vente de l'eau, et aux propriétaires des concessions d'eau.
Le
mémoire économique justificatif des transvasements de l'Ebre
présenté par le Gouvernement espagnol comporte de graves
erreurs témoignant de tergiversations méthodologiques et
conceptuelles injustifiables et extérieures au débat scientifico-technique,
puisque dérogeant à la rigueur d'analyse économique
coût-bénéfice, avec l'objectif évident d'obtenir
des bilans positifs préconçus. A) Budgets précoces orientés à la baisse. Ceci fut démontré (contrairement aux déclarations inscrites dans le mémorandum du PP) à l'occasion du concours public pour le premier tronçon de transvasement Jucar-Vinalopó, récemment suspendu car ayant fait l'objet d'offres de la part des entreprises intéressées dépassant le double du plafond budgétaire fixé; un autre exemple concerne le barrage d'Itoiz, pièce clef du PHN déjà réalisée, qui a provoqué des reconsidérations budgétaires autour du 100%... B) Les périodes d'amortissement sont excessives. Assigner à tous les investissements une période d'amortissement de 50 années, acceptable pour les grands barrages ou les canaux, est cependant hors délai pour une bonne partie des infrastructures prévues (25% des investissements), telles les installations de pompage etc., dont les délais d'amortissement ne doivent pas dépasser 15 ou 20 ans. C) Sous-valoration des coûts énergétiques de pompage et surestimation de l'énergie produisible. Une fraude méthodologique apparait dans le chapitre énergétique où l'analyse économique qui conviendrait est remplacée par une analyse financière : le résultat en est une lecture de l'énergie consommée évaluée à la moitié du prix de l'énergie produite (5 Pts/kWh face à 11.2 Pts/kWh). D'autre part les prévisions de croissance des coûts énergétiques durant les 50 prochaines années ne bénéficient pas de l'attention et du sérieux requis. D) Erreur conceptuelle dans l'utilisation de la valeur ajoutée nette comme bénéfice agricole. Cette procédure, qui peut avoir son utilité dans certains cas, ne l'est pas ici, où l'analyse porte sur un investissement public pour le développement d'activités privées intensives en capital et dont l'objectif ne peut être que la maximisation des bénéfices patronaux. Par le biais de cette "erreur", les bénéfices, notamment, en ressortent gonflés, en considérant comme identiques les coûts de travail et de capital. Cette approche fomente une estimation du bénéfice net produit en moyenne par l'irrigation Méditerranée à 0.72 EURO/m3, étant donné que le plan lui-même reconnaît la disponibilité au paiement dans ces irrigations en moyenne entre 0.12 et 0.18 EURO/m3 seulement. Le fait que le marché libre des eaux souterraines établisse aujourd'hui des prix moyens ne dépassant pas généralement 0.18 EURO/m3 avalise ce gonflage des bénéfices agricoles. E) Les coûts de règlement des débits ne sont pas comptabilisés. Selon le Plan, le règlement des débits devrait être réalisé pour le barrage de Mequinenza, qui est privé (propriété de l'entreprise hydroélectrique ENHER). Cependant dans les calculs pas un seul EURO n'apparaît en contrainte pour l'expropriation ou l'indemnisation à charge de cette entreprise. En comparaison, dans le transvasement Júcar-Vinalopó, l'entreprise Iberdrola réclame 6 millions d'Euros/année pour céder le barrage de Cortes, du modeste volume de 100 hm3/an, le dixième du transvasement prévu dans l'Ebre. F) Les coûts de purification des débits du bas Ebre, caractérisés comme de mauvaise qualité, ne sont pas non plus pris en compte. Une telle caractérisation, effectuée officiellement dans le Plan du bassin de l'Ebre (hauts niveaux de salinité), empêche de considérer ces eaux comme pré-potables, hypothèse impliquant dès lors des coûts élevés, spécialement pour l'utilisation urbaine. D'autre part, la détérioration de la qualité qu'induiront dans ces eaux transférables les détournements et les retours contaminés de centaines de milliers de nouveaux hectares d'irrigation prévus par le PHN dans le Bassin de l'Ebre, est pareillement laissée en marge des décomptes chiffrés. G) La valeur des débits urbains est a contrario sur-estimée. La manoeuvre consiste à falsifier l'application du concept de "valeur d'opportunité", en posant la dessalinisation de l'eau de mer (surévaluée à 0,81 Euros/m3) comme alternative meilleur marché en cas de non-besoins urbains éventuels, au lieu d'utiliser comme alternative plus économique la valeur d'opportunité des débits agricoles (tout au plus 0.18 EURO/m3 comme moyenne sur les marchés d'eaux privées à Murcie). La simple rectification de ce concept condamne à lui-seul le bilan économique global comme négatif. Le principe de Récupération
Intégrale des Coûts ne sera pas appliqué :
Un important mouvement populaire contre le PHN a grandi dans les régions de l'Ebre, au sein duquel de nombreuses personnes, de tous âges, de toutes conditions et convictions, se retrouvent ensemble. Entreprises, petits commerces, coopératives agricoles, syndicats et autres, ont manifesté leur rejet du PHN. Fermiers, marins-pêcheurs, étudiants, retraités, fonctionnaires, associations de quartiers, centres culturels et une large représentation sociale ont participé à des manifestations en Espagne et en Europe. Ces manifestations ont montré que la grande majorité des citoyens affectés par ce Plan n'acceptent définitivement pas celui-ci. Toutes les campagnes de protestation et les manifestations ont obtenu un vif succès, avec une énorme participation des gens. Ceci n'a pas eu lieu seulement dans les régions de l'Ebre (Amposta, Tortosa, Mora d'Ebre) mais également ailleurs et même à l'étranger : Zaragoza (novembre 2000), Barcelone (février 2001), Madrid (mars 2001) et Bruxelles (septembre 2001). Un des points importants
à mentionner est le nombre élevé de femmes participant
à ce mouvement, aussi bien dans les manifestations que dans la
récolte des fonds. Il y a, dans le marché couvert de Tortosa,
un stand où nos produits sont vendus et l'information diffusée.
Ceci donne au mouvement continuité, popularité et accueil
sociable. Les jeunes sont aussi très impliqués et actifs,
renforçant leurs convictions écologiques. Ils sont convaincus
de se battre pour leur futur, car ils perçoivent que, si l'eau
de l'Ebre est détournée, il y aura moins d'opportunités
de travail dans la région que maintenant. Les gens sont en train
de comprendre que le développement économique local est
lié à l'eau. Différentes formes de croissance économique
peuvent se produire dans les régions qui reçoivent de l'eau.
Ce fut le cas pour Tarragone. Dans les 10 ans qui suivirent l'arrivée
d'un transfert d'eau provenant de l'Ebre, on assista dans cette région
à une spectaculaire croissance urbaine, démographique, industrielle
et touristique, tandis que les territoires de l'Ebre voyaient leur situation
stagner, voire même régresser sous certains aspects. La PDE est un mouvement de concertation, où toutes les actions sont décidées dans des assemblées de citoyens ouvertes. Il y a un grand nombre de plateformes locales agissant au niveau local. Les représentants de ces plateformes se rencontrent à la Plateforme inter-villes pour étudier les thèmes et planifier les futures actions. Cette réunion est également une assemblée libre. Les débats importants et les discussions ont lieu lors d'une assemblée générale où chacun est encouragé à venir. Environ mille personnes peuvent alors être présentes lors de ces rencontres. Outre toutes les manifestations en Espagne, la plus emblématique action réalisée par ce mouvement fut "La Marche Bleue". La Marche Bleue est partie le 10 août 2001 du Delta de l'Ebre. Elle a remonté la rivière, traversé la France (Pau, Toulouse, Lyon, Paris), parcouru l'Allemagne (Cologne), puis atteint Maastrich. Dans la plupart des villes, les marcheurs furent accueillis par les autorités locales. A Paris, par exemple, ils furent reçus au Ministère de l'Environnement. La Marche Bleue arriva à Bruxelles le 8 septembre et culmina par une énorme manifestation le jour suivant. Plus de 15 000 personnes des bords de l'Ebre débarquèrent à Bruxelles ce week-end là. Sous une pluie diluvienne, les manifestants demandèrent à l'Union Européenne de ne pas financer le PHN, promu par le gouvernement espagnol. Le lendemain, les analyses scientifiques de la Plateforme et les pétitions furent remises au Parlement Européen. On estime que cette manifestation fut la plus grande jamais vue à Bruxelles de personnes venant d'un autre pays que la Belgique. Et ce fut aussi la première manifestation pour une "nouvelle culture de l'eau". Des actions récentes ont vu Greenpeace faire de la lutte contre le PHN et le transfert de l'Ebre, et les menaces qui pèsent ainsi sur les écosystèmes de la rivière et du Delta, une de ses priorités. Ils suivent activement le problème et déposent leur propre pétition auprès du Parlement Européen. Leur symbole le plus fameux, le Rainbow Warrior, s'est mis à quai à Sant Carles de la Ràpita, dans le Delta, le 5 février. Trois bateaux plus petits ont remonté la rivière jusqu'à Amposta où les activistes ont déployé sur le pont une énorme bannière : "Sauvons le Delta de l'Ebre" |
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(Cette
traduction ERN n'a pas valeur de document officiel et ne saurait engager notre responsabilité de quelque manière que ce soit.) retour
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