LE PLAN HYDROLOGIQUE NATIONAL
Le Bureau Environnement de la Commission Européenne
a étudié attentivement les documents - Etude Environnementale
Stratégique - EAE en espagnol- envoyés par le Gouvernement
Espagnol au sujet du PHN. |
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Les commentaires suivants sont basés sur l'analyse du PHN, le document EAE, présenté par les autorités espagnoles en janvier 2002, le Plan Hydrologique du Bassin de l'Ebre et la proposition de Plan National d'Irrigation, incluant le mémoire que l'accompagnait.
a) La structure du document résumé de la EAE suit la base de la structure de la Directive 2001/42/CE du Parlement Européen et du Conseil, du 27 juin 2001, relative à l'évaluation des effets des plans et des programmes déterminés dans l'environnement. La EAE fournit une idée global des projets planifiés et des alternatives étudiées, mais ne spécifie pas les mesures prévues pour prévenir, réduire et compenser les impacts négatifs importants sur l'environnement. Ces dites mesures devraient être spécifier dans les plans et les projets subséquents. b) Un point de départ
clair des principes de la EAE est le fait que cette étude fut réalisée
après la complète approbation du PHN. En conséquence,
cette Evaluation Environnementale représente une action rétrospective
au lieu d'un instrument à prendre en compte dans l'étape
de planification. o En premier lieu, l'article 6 de la Directive 92/43/CEE du Conseil, du 21 mai 1992, relative à la conservation des habitats naturels et de la faune et flore sylvestres. La question clé est de savoir si les actions ou mesures déjà approuvées pour le PHN peuvent avoir un impact significatif sur les zones protégées en vertu des dispositions de la directive mentionnée. o En annexe I point
12a) de la Directive 85/337/CEE modifiée par la 97/11/CE, il est
exigé la réalisation d'une Etude d'Impact Environnementale
pour le transvasement de ressources hydriques entre des bassins hydrographiques
distincts, dans les cas où l'objectif dudit transvasement est de
prévenir une disponibilité insuffisante d'eau, et où
la quantité d'eau à transférer est supérieure
à 100 millions de m3/an. Comment prétendre remplir cette
dernière obligation et prendre en compte les Etudes d'Impact Environnementales
individuelles pour chaque projet relié au transvasement -le transfert
global- et ses effets cumulés ?
Le chapitre 2 de la
EAE fournit une vision générale des ressources hydriques
en Espagne. Il permet d'obtenir une vision claire des grandes différences
entre les régions, en plus des problèmes de disponibilité
d'eau dans certaines régions. Il montre également les conséquences
négatives dans le milieu social et économique auxquelles
on arriverait si on ne prenait pas les mesures concernées. o En ce qui se réfère aux ressources hydriques disponibles (pluie et ruissellement), et à leur évolution dans le futur, les données semblent être basées sur la période entre 1940 et 1995. La séquence temporelle est suffisamment longue. Cependant, lors des dernières années, la tendance pluviométrique sur tout le territoire européen a subi d'importants changements, dûs d'après certains auteurs, à des modifications résultant du changement climatique. Est-il possible de présenter les statistiques et les projections de données pluviométriques, d'écoulements, d'augmentation des usages, d'adaptation des cultures, et de demande (pour les différents secteurs) correspondantes aux 15 dernières années plutôt que celles des années antérieures 50/60 ? La prise en compte de ces données dans l'analyse pourrait-elle changer les projections établies des ressources hydriques disponibles, en particulier sur la relation entre bassin donnant et bassins récepteurs ? o En relation avec le point précédent, la question se pose sur l'horizon temporel de 20 ans considéré pour le développement du PHN. Etant donné que d'une part on reconnaît que l'incertitude rend peu crédible les projections sur un long terme, il serait intéressant de disposer d'information sur les projections de données qui couvrent une période plus longue de temps (50 ans, par exemple). o Les modèles de prévision de demandes d'eau pour les 20 prochaines années montrent une augmentation significative de la demande supérieure à 30%, avec 36 % d'augmentation pour les irrigations. On en déduit que les projections de la demande ont été basées sur un scénario qui simule " le pire des cas ", en lui proportionnant une marge de sécurité. Existe-t-il des données qui estiment la marge d'erreur associée à ces projections ?
Le cadre fixé
dans ce chapitre est acceptable dans les lignes générales.
Cependant, la Commission apprécierait de recevoir des explications
sur ce qui est indiqué en pages 43/44, en relation avec la Directive
Cadre relative à l'eau : " De même, les ressources souterraines
disponibles doivent se délimiter en tenant compte des objectifs
de qualité écologique des eaux superficielles qui dépendent
de ces premières. Par conséquent, sur les valeurs annuelles
moyennes de rechargement on déduit les apports nécessaires
pour maintenir les conditions écologiques des eaux superficielles,
obtenant ainsi la fraction disponible. " Pour une meilleure compréhension de ce chapitre, il serait utile de disposer d'information technique plus justifiée que ce que représente dans les documents techniques le raisonnement qui conduit à déterminer le chiffre 1 050 Hm3 qu'il est prévu de transvaser. Spécialement en faisant référence aux usages actuels de l'eau et leur évolution dans les 15 dernières années. Plus loin dans le document, on trouve les sous-totaux des 4 zones réceptrices. L'hypothèse considérée dans le PHN pour obtenir ces chiffres n'est pas claire du tout. Des données, réfèrentes à l'évolution des ressources hydriques et de la demande (en distinguant les usages domestiques, agricoles et industriels, en incluant l'industrie touristique et ses infrastructures), seraient nécessaires pour une période qui partirait de maintenant jusqu'aux 20 prochaines années. En référence à l'information qui concerne le Bassin de l'Ebre, présenté en page 56, il est indiqué que la consommation totale dans le second horizon temporel sera de 10 744 Hm3/an, dont 9 879 Hm3/an destinés à l'irrigation, 865 Hm3/an restant pour l'usage domestique et industriel. La Commission désirerait que ces données soient confirmées. En ce qui concerne l'analyse économique présenté dans ce chapitre, on en déduit que le calcul du prix relatif et de la bonne disposition à payer pour les utilisations de l'eau transvasée, a été obtenu en garantissant que les 1 050 Hm3 seront transférés chaque année. Si, par exemple, il arrivait que seulement la moitié de ce chiffre puisse être transvasé, apparemment le prix par mètre cube dans la région destinataire serait, dans ce cas, de 0,6 euros. La Commission souhaiterait que cette appréciation soit confirmée comme étant correcte. En ce qui se réfère à l'analyse économique jointe dans le mémoire du PHN, il semble que soit posée l'hypothèse selon laquelle le prix de l'eau transférée sera le même, indépendamment de la zone réceptrice (donc de la distance), ce qui veut dire que le même prix sera imposé pour l'eau transférée à 100 ou 800 km. Cette façon d'interpréter la base de calcul utilisée est-elle correcte ? Sélection d'Alternatives de Transfert - Chapitre 5 Au sujet de la table présentée en page 82 : comment changeraient les pourcentages montrés, si les calculs avaient été basés sur des données de débits divisés par deux pour les 10 dernières années ? En référence à la proposition de transfert d'eau depuis le fleuve de l'Ebre, il est signalé que l'eau à transférer présente une conductivité relativement élevée. Il est largement admis que cette conductivité est, en général, moindre que la conductivité de l'eau des aquifères, lesquels doivent être rechargés avec cette eau superficielle provenant du transfert. Quelles sont les conséquences, à long terme sur la salinité du sol, d'utiliser une eau pour l'irrigation avec un tel niveau de salinité ? Ceci ressort de manière particulièrement importante si l'on prend en compte les conditions climatiques du sud-est espagnol et leur indice particulier sur les taux élevés d'évapotranspiration de ces régions. Information et participation publique - Chapitre 6 Il est évident à travers la lecture de la documentation fournie, qu'il a été mené à bien un vaste processus de consultation. Cependant, il ne ressort pas clairement quels documents ont été soumis à la consultation publique, quels délais ont été établis, et le type de procédure qui a été menée (par exemple, on mentionne qu'il fut mis à la disposition du publique de la documentation technique, etc...). En conséquence, il est supposé que certains commentaires ou réactions qui purent ressortir de cette consultation ont provoqué des changements ou des améliorations du texte original. Evaluation et intégration environnementale du PHN dans le bassin cédant : Lignes Directrices pour le Plan Intégral du Delta de l'Ebre - Chapitre 7 Ce chapitre est d'une
grande utilité pour obtenir une meilleure vision de la nature du
système du Delta de l'Ebre, les traits spéciaux qui le caractérisent
et son importance particulière comme habitat unique par sa faune
et sa flore abondantes et variées. Analyse du Bassin de l'Ebre dans sa totalité : dans quelle mesure a-t-il été tenu compte, à long terme, de la gestion de la ressource hydrique des eaux en amont de la prise pour le transfert ? Dans le texte, il est indiqué que des retenues additionnelles à celles déjà existantes, devront être construites, ainsi que des systèmes d'irrigations et autres ouvrages d'ingéniérie supplémentaires sur les eaux en amont de la prise pour le transfert. Dans ce cas, ces projets devront avoir pris en compte dans l'analyse l'impact environnemental causé par le détournement des débits. Une question qui ressort comme cruciale en considérant les équilibres et les calculs hydrologiques dans le Bassin de l'Ebre, est celle du concept de débit minimum écologique. Etant donné que dans l'information qui accompagne la proposition du PHN il est mentionné le caractère essentiellement théorique de ce concept, il sera de grande utilité de recevoir plus d'information référente à la base scientifique et technique utilisée dans son calcul, et aux conclusions qui amènent à déterminer dans le point de captage un débit minimum écologique de 100 m3/s dans le fleuve de l'Ebre. Il sera également d'une grande aide de connaître d'autres cas dans lesquels le même concept a été utilisé dans le cadre d'un processus similaire. Dans le texte, il
est reconnu que plusieurs de ces traits qui font du delta un écosystème
unique sont dus principalement à ses caractéristiques hydrologiques
et, entre autres, à l'apport jusqu'au delta de grandes quantités
d'eau superficielle pour l'irrigation des rizières. Evaluation des Infrastructures de Conduction - Chapitre 8 A travers la lecture de ce chapitre, on conclut que 15 lieux qui intégrent le réseau Natura 2000 pourront se voir affectés par les infrastructures de conduction, dont 7 souffriraient d'un impact léger ou modéré. Il est mentionné également que les autorités planificatrices ont réalisé certains changements afin de parvenir à ce que 4 lieux seulement soient affectés. La Commission désirerait recevoir une information plus détaillée sur le plan définitif des infrastructures de conduction. Particulièrement l'information sur tous les lieux intégrés, ou susceptibles d'être intégrés, dans le réseau Natura 2000 qui pourraient se voir affectés et pour lesquels, par conséquent, des études d'impact environnementales devront être réalisées. Conclusions de l'Evaluation Environnementale Stratégique du Plan Hydrologique National - Chapitre 10 La Commission considère positivement le fait qu'il existe des conditions et des critères spécifiques pour l'utilisation de l'eau dans les bassins récepteurs. En particulier, en ce qui concerne les usages agricoles, la condition contenue dans la loi selon laquelle l'eau transvasée ne servira pas à créer de nouvelles terres irrigables, à l'augmentation de celles existantes ou à l'augmentation d'autres demandes qui ne sont pas appelées à satisfaire des nécessités d'approvisionnement de la population. Pour s'assurer que cette obligation soit respectée à tout moment, il semble essentiel d'établir un système de référence comme un inventaire des exploitations agricoles des terres irriguées actuelles et de leur mode de gestion de la ressource. Sans un système de référence approprié, il est impossible de connaître une possible augmentation de la consommation, ni de connaître non plus la rationalité d'un usage de la ressource, afin de pouvoir s'assurer que la-dite eau de rivière n'est pas employée à des usages non autorisés. Comment les autorités compétentes établiront-elles ce système de référence, et comment le contrôleront-elles ? L'emploi des images obtenues via les satellites pourrait être un outil adéquat, étant donné que dans ce domaine, il existe dans la Communauté la capacité suffisante pour mener une bonne analyse.
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