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Cascade de la Beaume

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LA CASCADE DE LA BEAUME MENACEE (1996)



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Élément emblématique et unique de la Haute-Vallée de la Loire, la cascade de la Beaume se trouve à nouveau sous les feux de la rampe avec en point de mire une atteinte supplémentaire.

Crée en 1964, le Syndicat Intercommunal du Besson et du Roulon ( situé sur la commune de Solignac-sur-Loire et regroupant les communes du Puy-en-Velay, de Brives-Charensac et de Vals près le Puy, ainsi que les syndicats intercommunaux d’Espaly à Chadrac et de l’Emblavez) est autorisé depuis 22 septembre 1965 à dériver une partie des eaux du Besson et la partie non utilisée de l’eau du Roulon pompée par le Syndicat des eaux de Cayres-Solignac. L’addition de ces captages portait alors à 150 l/s le volume limité d’eau dévié de sa course initiale dans la Beaume.

Un projet, qui vit le jour en 1996, envisage d’augmenter cette quantité et de la porter les jours de pointe à 221 l/s ! Rappelons que le débit moyen de la cascade est de 360 l/s. Ce projet vient dans la continuité d’une étude menée entre 1995 et 1996 portant sur les besoins en eau et les ressources du bassin du Puy. La conclusion principale fut de présager d’une augmentation importante de la consommation à l’horizon de 2010 pour le bassin concerné ainsi que pour l’Emblavez dont l’alimentation est largement déficitaire. Cette conclusion étant accompagnée d’une part du constat de l’impossibilité de mobiliser d’autres ressources significatives au sein des collectivités concernées, et d’autre part de propositions d’aménagement comme la création d’un bassin tampon (sécurité en cas de bris de conduite et palliant les à-coups au lieu de prélèvement), la mise en place d’une canalisation spécifique pour alimenter la ZI de Blavozy ainsi que des interconnexions entre les différents réseaux existants pour garantir l’approvisionnement.

 

Besoins en eau du Syndicat du Besson-Roulon

Besoins du Syndicat du Besson-Roulon

Besoin sur la ressource du Besson-Roulon le mois de pointe

Besoin sur la ressource du Besson-Roulon le jour de pointe

Actuels

133 l/s

167 l/s

Futurs (2010)

172 l/s

221 l/s

 

A titre d’exemple, une prévision des besoins totaux en eau sur l’ensemble du bassin du Puy en 2010 avance le chiffre de 451 l/s.

Le Syndicat mena ensuite en 1997 et 1998 une étude d’incidence relative à l’augmentation souhaitée des prélèvements et aux impacts que celle-ci aurait sur le milieu. Cette étude propose un bilan complet des débits sur le site, en aval et des usagers, une analyse de la qualité de l’eau et des milieux aquatiques, une estimation du débit minimum biologique et enfin des propositions de mesures compensatoires au projet. Concernant le débit minimum à garantir sur la Beaume en période d’étiage, la Truite fario a été désignée comme espèce référence. Compte tenu des faciès représentés sur le tronçon concerné et des exigences biologiques de l’espèce, une palette de 3 valeurs a été établie :

  • un débit sécuritaire de 100 l/s
  • un débit intermédiaire de 70 l/s
  • un débit " minimum-minimorum " de 50 l/s

Ce dernier correspond à la valeur seuil en deçà de laquelle la truite fario serait à court terme condamnée. Quant au débit sécuritaire, il semble être adéquat pour les 3 différents stades de développement de l’espèce, y compris sur la partie amont de la cascade. Il y a donc en théorie un risque de voir le débit de la cascade réduit à 50 l/s, soit 15% de son débit naturel.

Parmi les aménagements prévus, de nouveaux captages ( dégagement des venues d’eau, canal de collecte et bac de rassemblement protégés par une galerie et un kiosque en maçonnerie) seront aménagés sur des sources dites " sources basses ". Ces eaux une fois collectées seront rassemblées puis pompées dans l’ouvrage existant de rassemblement des eaux. Des travaux d’étanchéité du canal de la Beaume ( desservant le Château en aval ) sont prévus afin de réduire les pertes ( 90 l prélevés pour seulement 5 l à l’arrivée ), permettant de diminuer le volume dérivé. Enfin, un aménagement en amont immédiat de la cascade est en projet afin de répartir le débit sur l’ensemble du front de la chute pour y conserver plusieurs filets d’eau comme à l’origine. Quelle générosité !

 


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La cascade " originelle " !

Le rapport du Commissaire Enquêteur, déposé le 30 juin 1998, donne un avis favorable à ce projet, émettant néanmoins des réserves et des recommandations sur certains points. Cela suffit à trahir les difficultés et les réticences rencontrées auprès de la population et des acteurs locaux.

Les 2 dossiers du rapport sont celui des périmètres de protection et celui de l’augmentation du prélèvement. Pour le premier, de nombreuses réserves émanent des propriétaires et des exploitants des parcelles ( problème de servitudes, parcelles divisées, perte de valeur des terrains ). Un problème sérieux se pose au sujet des épandages dans les zone de périmètre de protection, rapproché ou éloigné. De ce fait, le rapport consigne l’obligation d’une étude agro-pédologique préalable.

Concernant le dossier principal de l’augmentation du prélèvement, le commissaire enquêteur a évalué à 1500 le nombre d’opposants actifs (cumul des personnes reçues physiquement, des lettres envoyées, des remarques et observations consignées sur le registre d’enquête, des signatures sur les 2 pétitions ayant circulé sur Solignac et le Brignon) résolument hostiles à toute atteinte supplémentaire. Une manifestation fut alors organisée aux alentours du site le 26 mai 1998. Si la mobilisation défavorable est alors réelle sur les communes voisines de la cascade, les réactions, et en particulier aux niveaux politique et industriel, sont opposées dans les municipalités directement concernées par les " bénéfices " de cet accroissement de captage. Citons les conseils municipaux de Lavoûte-sur-Loire, Rosières, Polignac, Coubon, Mézères, Blavozy, Chaspinhac, St Pierre-Eynac et du Puy se sont déclarés favorables appuyés par l’ensemble des entreprises implantées sur le bassin du Puy. L’objectif avoué de cette entreprise est d’assurer l’approvisionnement des usagers en période de forte consommation, notamment en été, et de contenter les besoins en eaux croissants des industries et notamment de la Zone Industrielle de Blavozy en plein développement ( Merck, la Vallée ; Fromageries du Velay …). Les arguments alors avancés sont la consolidation et le développement de l’emploi ajoutés à l’augmentation de la population. Il est bien entendu exclu pour ces décideurs d’avoir une réflexion poussée sur la possibilité d’économie de l’eau. De plus, l’argument touristique et patrimonial de l’unique cascade altiligérienne de ce type suffit, à nos yeux, à contrer l’argument basé sur l’emploi.

Sur ce dossier, le rapport donne un avis favorable avec émission de réserves, incitant la municipalité du Puy à revoir sa politique en matière d’utilisation des ressources et surtout à faire un effort concret dans le sens de l’économie d’eau. Le commissaire nie par contre l’attrait touristique que peut représenter la cascade ainsi que son côté patrimonial. Quant aux mesures compensatoires visant à maintenir la pêche (et donc le milieu aquatique en l’état) et les pratiques agricoles, elles sont également retenues comme satisfaisantes.

Dans sa conclusion, le rapport stipule qu’une recherche soit engagée afin de trouver de nouvelles ressources, en particulier par le biais des eaux de surface, afin de restituer au plus vite cette dérivation.

S’il nous apparaît clairement indispensable de préserver l’intégrité de la chute telle qu’elle est actuellement, à la fois sur le plan paysager et patrimonial et aussi du point de vue du maintien de l’écosystème et des espèces présentes, l’aberration de ce projet se justifie par la surévaluation des besoins pour la zone considérée. En effet, la population na semble pas vouée à une telle augmentation, les motifs industriels sont très contestables et surtout, la réflexion sur l’économie et la recherche de solutions extérieures sont restées sans suite effective. C’est pourquoi, il est clairement établi que le démarrage imminent de ces travaux serait fait en toute illégalité dans la mesure où les dispositions inscrites dans l’arrêté préfectoral du 26 août 1998 n’ont à ce jour pas été respectées.

La lutte pour le maintien et la préservation de notre environnement a besoin de symboles fédérateurs. A l’image de cette Haute-Vallée de la Loire qui fait notre fierté, la cascade de la Beaume se doit de nous mobiliser.

 

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