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Le saumon de l’axe Loire-Allier, un survivant

 


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Le saumon atlantique (Salmo Salar) est un magnifique poisson migrateur, autrefois présent dans tous les grands fleuves et rivières de l'Europe de l'Ouest, depuis le nord du Portugal jusqu'au Cercle Arctique. De nos jours, il a disparu de tous ces grands fleuves, excepté la Loire et son affluent principal l'Allier, ce qui fait du saumon de l'axe Loire-Allier un poisson unique en Europe : il représente un patrimoine génétique sans équivalent aujourd'hui, indispensable pour des opérations de réintroduction du saumon sur d’autres grands cours d’eau de France et d'Europe (Dordogne, Garonne, Rhin...)
On estime qu'il y avait autrefois environ 100 000 saumons sur le bassin Loire-Allier. Aujourd'hui, il ne reste que quelques dizaines d’adultes : fin novembre 96, on n'a comptabilisé que 67 reproducteurs (voir notre statistique) qui ont franchi l'ascenseur à saumons du barrage de Poutès-Monistrol pour venir se reproduire sur leurs frayères du Haut-Allier.

Statistiques récentes (lien externe)

 

Brioude ancienne capitale européenne du saumon Le saumon représentait une importante source de revenus sur tout le bassin Loire-Allier, que ce soit pour les pêcheurs professionnels ou pour le tourisme lié à la pêche de loisirs. Sur la Loire, il se prenait encore, à la fin du XIXe siècle, 100 tonnes de saumons dans l'estuaire, soit 10 000 saumons. Sur le Haut-Allier, avant la construction du barrage de Saint-Etienne du Vigan, les villes de Luc, Langogne, La Bastide exportaient vers le sud 10 tonnes de saumons, soit environ 1000 poissons. Au début du siècle, on venait de partout en Europe pêcher le saumon de l'Allier à Brioude... 

Les barrages, principales causes du déclin

L'effondrement des captures de saumon, passées de 30 à 45 000 en 1890 à moins de 1 000 captures depuis 1975, est dû principalement aux barrrages, de navigation au XIXe siècle, puis hydro-électriques, et qui ont rendu inaccessibles au saumon ses zones de reproduction naturelles. 


  Saumons dans l'ascenseur de Poutès-Monistrol (photo CSP)

Sur l'Allier, l’ouvrage EDF de Saint-Etienne du Vigan (1895, détruit en 1998) interdisait depuis un siècle à l’espèce une cinquantaine d'hectares des meilleures frayères du haut bassin, tandis que le barrage de Poutès-Monistrol (1941) a totalement bloqué pendant un demi-siècle toute migration, jusqu'à ce que soit édifié un ascenseur à saumons. De 1941 à 1986, date de mise en service du dispositif de franchissement de Poutès, seuls 8% des 2 200 hectares de frayères fréquentées au début du XIXe siècle étaient accessibles. Quant aux principaux tributaires de l'Allier (Sioule, Dore, Allagnon, Chapeauroux), ils ont été pratiquement « stérilisés ».
La Loire supérieure, elle, est devenue difficilement accessible dès 1845 avec la construction du barrage de navigation de Decize, puis totalement inaccessible aux saumons suite à l'edification des barrages de Grangent (1957) et Villerest (1983). Sur l'axe Vienne-Creuse-Gartempe, la migration est encore interrompue par le barrage EDF de Maisons-Rouges (détruit en 1998) : le saumon a ainsi disparu de la Vienne en 1930, tandis que le Cher avait été « stérilisé » dès 1858.

Mais le saumon se heurte à d’autres obstacles : bouchon vaseux de l'estuaire de la Loire, seuils divers (centrales nucléaires, ponts...), enfoncement du lit dû aux extractions de granulats, réchauffement des eaux provoqué par les centrales nucléaires, pêche excessive, pollutions diverses, etc.
 Les mesures en vigeur dans le cadre du Plan Loire Grandeur Nature tentent d'améliorer la situation.

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